Comment gérer le regard des autres (et pas qu’en trading)

Cet article participe au carnaval d’articles (plusieurs blogueurs écrivent sur un même thème) proposé par le blog Multipassionnés Épanouis. Le thème est “Comment gérer le regard des autres ?“ comment s’en détacher, et comment rester soi-même face aux autres.
C’est un blog qui accompagne les personnes plurielles et multipassionnées à se construire une vie épanouie, qui leur permet d’être TOUT ce qu’elles veulent être. J’ai particulièrement aimé le très bel exemple de lâcher prise et d’acceptation que Sarah nous donne dans cette video. Je pense qu’en tant que trader notamment, on peut beaucoup apprendre de cette initiative filmée.

Avant tout j’adresse un mot au lecteurs de cet article qui n’en ont rien à faire du trading :
ne partez pas tout de suite !
Tout ce que je vais présenter dans cet article est absolument applicable dans la vie de tous les jours, que l’on soit trader ou pas.

En avançant dans ma compréhension de la psychologie liée au trading, je me suis rendu compte de deux éléments. J’ai d’abord compris que le regard des autres pouvait avoir un rôle très important; et plutôt négatif dans notre manière de trader. Le deuxième élément est que cette nuisance du regard des autres en trading existe également dans le reste de notre vie. Cependant, on n’en prend pas forcément conscience au quotidien. Alors qu’en trading, il est important, voire vital de s’en libérer, afin de débrider sa performance. Je suis parvenu aux conclusions présentées dans cet articles à l’aide des livres « Traders ; entrez dans la zone » de Mark Douglas, « le petit livre des magiciens des marchés » de Jack Schwager, et ma propre expérience de trader.

Petits cadrages avant de commencer

Sarah nous demande d’aborder la question du regard des autres sous un angle précis et cadré. En effet, son intitulé mentionne « comment gérer le regard des autres, comment s’en détacher, et comment rester soi-même face aux autres ». Selon ma compréhension de ces formules, le carnaval d’articles envisage principalement l’aspect nuisible, aliénant et limitant du regard des autres. On se concentre donc ici sur la manière dont le regard des autres peut nous peser, nous obséder, et nuire à notre expression authentique et naturelle.

Cependant je tiens à préciser que pour moi le regard des autres a aussi des aspects positifs. Il peut nous encourager, nous mettre une pression constructive et stimulante, nous remettre en question sainement, et nous responsabiliser (entre autres). Pour ne pas être hors-sujet, je n’aborderai pas cet aspect positif du regard des autres. Mais je me rattraperai en évoquant la manière positive dont on peut « détourner » ce regard de l’autre (dans la conclusion).

Cet article se développe en trois parties. Je présente d’abord les différentes manières dont peut s’exprimer le regard des autres (partie I). Puis je vais expliquer comment parvenir à se développer malgré ce regard d’une part (partie II), et comment exprimer sa personnalité d’autre part (partie III).

I. Comment peut s’exprimer le regard des autres ?

II. Comment développer nos capacités d’apprentissage et de développement malgré le regard des autres

III. Comment exprimer sa personnalité malgré le regard des autres

Le regard des autres en trading
Ces autres qui nous regardent sont ils des moutons ?
Image parFree-Photos de Pixabay

I. Comment peut s’exprimer le regard des autres ?

C’est là une bien large question… Et j’ai le vertige en contemplant la potentielle étendue d’une réponse complète. Heureusement, nous restons dans le cadre énoncé par l’introduction. Nous nous concentrons sur le regard des autres dans ce qu’il peut avoir de d’aliénant, et de limitant pour nous même. De plus, je précise encore plus le thème en me concentrant sur les seuls aspects du regard des autres dont j’ai pris conscience lors de mon étude de la psychologie du trading.
Nous n’entrerons ici pas dans le détail de la source de ce regard, de l’identification de cet « autre ». En effet, je pense que dans les situations que je présente, chacun trouvera très rapidement une figure d’autorité correspondante bien connue (une mère, un père, un enseignant, un mentor, un conjoint, etc).
Depuis le début de mes recherches en psychologie du trading, ce sont certaines expressions précises du regard des autres qui sont revenues régulièrement. Je pense pouvoir les rassembler en deux grands groupes : le regard des autres qui nous impose la perfection, et le regard des autres qui nous enferme dans un cadre étroit et rigide.

« Ils exigent que je sois parfait »

J’avais d’abord pensé scinder cette catégorie en deux types d’exigences. Il y a en effet l’exigence de réussir, d’être infaillible, de ne pas connaitre l’échec. Cette exigence des autres existe cependant aussi sous une forme légèrement modifiée, celle d’avoir raison, de ne pas se tromper, de ne pas avoir tord. Cette dernière est particulièrement nocive en trading. J’ai finalement choisi de les rassembler en une seule et même idée, celle de perfection, d’infaillibilité absolue, de compétence, de productivité immédiate. Ce concept est peut-être un peu abstrait au premier abord. Mais si l’on se donne la peine d’y songer, il peut vite se concrétiser en une foule de souvenirs…d’enfance le plus souvent.

Pourquoi est-ce qu’on n’ose pas prendre la parole en classe quand l’enseignant pose une question ? D’où vient ce frisson qui nous parcourt l’échine quand ce grand oncle pose d’un ton autoritaire une question d’histoire à la ribambelle de cousins lors d’une fête familiale ? Quelle motivation nous pousse à répondre le plus efficacement possible au défi lancé cyniquement par papa à mon frère, mes deux sœurs et à moi ? Quelle terrible autorité me paralyse quand ma prof de musique observe froidement ma performance musicale à la recherche de la moindre erreur ?
Pour les traders, cela peut être notre entourage, qui exige des résultats rapides et concrets, en quelques mois. On peut aussi ressentir un regard dur et condamnatoire (réel ou dans notre seule imagination) à chaque fois que l’on perd un trade.
Je pourrais continuer cette liste presque indéfiniment, mais je pense que vous m’avez compris.
Toutes ces situations comportent un élément en commun. Nous y sommes soumis au regard extérieur d’une figure d’autorité puissante, voire tyrannique, et disposant du pouvoir de condamner, et de punir.

Quand j’y pense, je trouve cela effrayant qu’un tel processus inquisiteur et condamnatoire soit appliqué par nos éducateurs, dès nos toutes premières et plus vulnérables années. Ce processus vient-il d’une autorité plus forte ? celle de notre civilisation, de notre système social, exigeant l’efficacité, la productivité, et la compétitivité pour faire avancer le genre humain toujours plus loin ? Ou plutôt, pour faire avancer, et maintenir le système tel qu’il est ? Cela au dépend des individus qui le constituent ?
Je m’égare quelque peu et dépasse le cadre de ce modeste article. Toujours est-il qu’il peut être intéressant de se poser la question, surtout pour mieux se libérer de ces exigences extérieures (nous le verrons par la suite).

« Ils veulent que je reste bien sagement dans le cadre »

Voici selon moi le second grand mode d’expression du regard des autres. « Les autres », dans leur implacable jugement, ne tolèrent pas, ou difficilement, que je sorte du cadre. Quel est ce cadre ? On peut en trouver une infinité. Amusons nous à rechercher quelques exemples bien réalistes.
« Tu n’arriveras jamais à devenir quelqu’un d’important, n’oublie pas d’où tu viens » ou l’opposé « Comment peux tu envisager de partir faire paître des moutons dans la montagne toute ta vie ? tu n’y penses pas ! nous sommes une famille d’universitaires ! » « Tu ne peux pas épouser cette fille, elle n’a pas la même religion que nous. » « C’est quoi ces cours de danse que tu vas suivre ? ce n’est pas notre culture ! « Toi ? un mec ? devenir sage… femme ? mais c’est un métier de femmes !« 
« Comment ? tu veux faire des études supérieures ? avec ton QI d’âne !« 
Et enfin, pour nous camarades trader « C’est quoi ce métier ? la spéculation ? gagner de l’argent avec de l’argent ? mais tu n’as aucune éthique !« 

Cette fois-ci, le dénominateur commun est notre subordination à un cadre qui nous est extérieur. Il est extérieur à notre personnalité, à notre épanouissement, et à notre bonheur.

Le regard des autres ne me quitte jamais

Il y a un dernier point important que je souhaite évoquer avant de passer à la partie suivante. Ce regard des autres existe surtout et avant tout dans notre tête. Peu importe si nous sommes seuls, ou si l’autre en question est absent, voire disparu de ce monde, son regard nous suit. Qu’il s’agisse du regard des autres qui ne pardonne pas nos erreurs, ou celui qui nous interdit de sortir d’un cadre, il peut diriger toute notre vie depuis l’intérieur de notre tête. Si nous le lui permettons, ce regard des autres possède un pouvoir suprême sur nous, en nous épiant à tout instant et en tout lieu, à travers notre propre regard sur nous même. Il est important d’avoir cette idée en tête en lisant la suite de l’article : le regard des autres continue à exister en nous même sans les autres.

Je tenais à faire cette précision importante. Car le regard des autres n’a de pouvoir sur nous qu’à travers nous même. Il n’est souverain que si nous nous soumettons à lui. Mais nous pouvons nous rebeller, nous émanciper de ce regard, et lui retirer la totalité de son pouvoir sur nous. Supposons qu’une figure familiale importante pour nous a toujours été déçue de nous, ou nous a considéré comme un « raté », un incapable, bon à rien. Ce regard porté sur nous même peut être extrêmement destructeur, et inhiber presque totalement notre potentiel de réussir notre vie. La bonne nouvelle cependant est que le regard de cette personne sur nous n’est que son problème à elle. Nous pouvons reprendre le pouvoir sur la perception que nous avons de nous même, et littéralement nous émanciper de ce regard extérieur destructeur.

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le regard des autres
Ils vous regardent !
Image par Joel santana Joelfotos de Pixabay

II. Comment développer nos capacités d’apprentissage et de développement malgré le regard des autres

Cette deuxième partie, puis la troisième, sont construites sur la même base. Dans un premier temps, j’explique comment le regard des autres nous nuit. Je considère en effet qu’un « pourquoi » suffisamment fort est déjà un excellent outil d’évolution. En l’occurrence, il s’agit de comprendre l’étendue des dégâts que le regard des autres peut avoir sur notre vie. Lorsque cela est fait, et si j’ai été convaincant, il existe un sentiment d’urgence qui a lui seul peut déjà nous pousser à agir assez efficacement vers notre émancipation. Dans un second temps, je vous présente quelques uns de mes outils, un peu plus concrets, pour atteindre l’objectif étudié malgré le regard des autres.

Comprenons les dégâts de ce regard des autres

Comment le regard des autres peut il nuire à nos capacités d’apprentissage et de développement ? Il le fait d’abord de par l’exigence de perfection qu’il fait reposer sur nous. Cette exigence implique en effet que l’erreur, l’ignorance, la méconnaissance, la défaillance, et… l’échec, sont de terribles spectres à éviter à tout prix. Ce regard de l’autre, autoritaire, n’attend que notre défaillance pour nous condamner plus ou moins terriblement, et éventuellement, pour nous humilier.

Il résulte de cette menace que nous cherchons à éviter toute défaillance. Nous sommes dans un état de stress psychologique, et de peur de l’échec. Notre désir de réussir à tout prix, d’avoir raison ou de répondre à toute attente que l’autre peut avoir de nous nous place dans un état psychologique néfaste.

Le stress réduit nos capacités cognitives. Imaginez par exemple que votre patron tyrannique vous interroge de manière inattendue sur vos résultats devant tout le monde. Il est possible que vous bafouillez, incapable de retrouver ou d’organiser l’information dans votre mémoire. Dans un tel état, nous ne pouvons plus donner le meilleur de nous intellectuellement. Cela vaut aussi bien sûr pour l’apprentissage. Comment apprendre correctement et efficacement une nouvelle discipline si votre enseignant vous met la pression ?

L’autre effet destructeur de cette exigence de perfection dans le regard de l’autre est l’altération de nos capacités de perception. Il s’agit d’un des thèmes fondateurs du livre « Traders : entrez dans la zone » de Mark Douglas. Selon l’auteur, la peur de perdre, ou d’échouer, met notre cerveau dans un état qui l’empêche de percevoir l’intégralité de l’information disponible. Dans le cas d’un trader, s’il a acheté une action qui baisse par la suite, et qu’il subit donc une perte latente, il aura tendance à ne pas percevoir les signes qu’il est temps de revendre par exemple. Car la prise en compte de cette information impliquerait une douleur liée à la réalité de la perte d’une certaine somme d’argent, et à la réalité de son échec.

Un autre exemple : si nous devons rédiger un texte sous pression, ce biais psychologique tendra à rendre invisibles à nos yeux des erreurs de rédaction, de style, ou autre. En rédigeant puis relisant cet article, je suis probablement moi-même touché par ce biais. Je perçois ce que je crois être votre regard à vous, lecteur. Et je m’imagine que vous avez une exigence de perfection à mon égard, et à l’égard de ce travail que je produis. Je n’ai pas le droit à l’erreur à vos yeux. Perturbé par ma peur d’échouer, et d’être défaillant à vos yeux, j’ai peut être tendance à ne pas percevoir objectivement la qualité de mon article. Mon cerveau peut bloquer ma perception de la potentielle médiocrité de certains passages de cet article (mais pas de sa totalité j’espère ! :)) afin de m’éviter la souffrance de constater mon « échec ».

Le second mode d’expression du regard des autres, cherchant à nous maintenir dans un cadre, nuit également à notre capacité d’apprentissage et de développement. Tout simplement parce qu’en se maintenant dans un cadre étroit et rigide, on s’interdit l’exploration et l’apprentissage d’une multitude de disciplines. Peut être que nos talents se trouvent dans la maîtrise de ces disciplines interdites ? Et si cette jeune fille était une surdouée en pilotage de moto plutôt qu’en danse classique ? Et si ce Japonais avait un talent pour le chant yodel plutôt que pour le théâtre nô ? Pourquoi cet enfant très brillant en informatique ne pourrait pas consacrer sa vie au sport si c’est ce qu’il aime vraiment ? Pourquoi je ne commencerais pas le skateboard à 40 ans si ça m’attire ? Le regard des autres peut alors nous interdire l’accès à un domaine dans lequel nous aurions pu nous développer, et nous réaliser.

émancipons nous de ce regard de l’autre perfectionniste

N’êtes vous pas déjà révolté par le pouvoir extrême que vous donnez au regard des autres par rapport à votre développement et votre épanouissement ?
Ce regard réducteur vous interdit l’accès à des pans entiers de connaissances et d’activités, je pense que cela vous parle particulièrement si vous êtes multipassioné :). Mais en plus il vous empêche de vous y réaliser, de progresser, et d’y déployer vos talents. Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, cela suffit déjà à m’en détacher, au moins un peu…
Donc oui, ma principale technique pour me détacher du regard des autres à ce niveau là est ma révolte. Je suis révolté par le pouvoir qu’ils ont sur moi. En trading notamment, je n’en reviens pas de l’énorme incidence que cette peur de l’échec peut avoir sur mes performances. Et cela, c’est une très forte motivation pour m’en détacher !

Une autre technique, est tout simplement d’apprécier le lâcher prise, l’acceptation de l’erreur, de l’échec. Cet embrassement de nos insuffisances et de notre imperfection relâche une tension qui libère tant de chose ! Sarah nous en a donné un touchant exemple dans sa vidéo que j’ai tant appréciée. Rien qu’en la regardant et en l’écoutant je ressentais moi même cette incroyable sensation de laisser aller, de détente.
Et dans cet esprit là, si la personne concernée ou une petite voix intérieure vous dit : « tu te rends compte que tu échoues ? » vous répondez sereinement un « oui, et alors 🙂 ? » libérateur ! Et là, vous vous rendez compte que l’échec n’a rien de grave finalement, et que ce n’est qu’un possible chemin vers la réussite. Cet « exercice » peut aussi être l’occasion d’un bon éclat de rire. Lâcher la pression et se rendre compte de l’absurdité de tout ce sérieux, et de toute cette tension liée à une perfection irréaliste, et un peu… ridicule !

Dans cet esprit de lâcher prise, demandez vous quand avez vous effectué une activité pour le simple plaisir de l’activité en elle-même ? sans aucune pression de résultat ? Ce soir faites la cuisine sans aucune pression quant au résultat final. Commencez un nouveau sport en acceptant totalement d’avoir l’air nul et ridicule, et de vous amuser ! Participez à cette discussion de groupe sans aucunement chercher à briller ni impressionner, et en acceptant la possibilité de dire des bêtises ou de ne pas tout savoir. Vous allez peut être prendre du plaisir… et vous risquez même de vous rendre compte que vous êtes encore plus efficace comme cela.
Cela est bien sûr complètement applicable en trading. Permettez vous une session de trading qui ne soit pas évaluée en fonction du résultat financier, ou de la qualité des trades. Prenez simplement plaisir au jeu intellectuel de l’analyse technique et du timing. Le seul critère de qualité de votre session de trading sera le plaisir que vous y avez pris, rien d’autre.

Enfin, comprenez que vos erreurs peuvent constituer les briques construisant votre succès. Faire des erreurs, puis les analyser, et apprendre d’elles, permet de progresser. L’erreur a une valeur et une utilité.

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III. Comment exprimer sa personnalité malgré le regard des autres

Lorsque le regard des autres nous enferme dans les cadres évoqués plus haut, il réussit parfaitement à étouffer notre personnalité. Il le fait déjà en nous interdisant l’accès à des domaines qui nous attirent ou qui nous permettraient d’exprimer nos talents très personnels.

Comprenons les dégâts de ce regard des autres

Comment puis-je découvrir la bourse et le trading, si ma famille désapprouve cette profession ? ou si mon cercle amical estime qu’il s’agit d’une activité allant contre l’éthique ? Je vais avoir tendance à me conformer à leur regard, afin de ne pas les froisser, voire les perdre.
Et si j’envisage de quitter progressivement le salariat, pour me consacrer à un projet entrepreneuriat ? Il y a de fortes chances que cette idée dérange, et fasse même peur à mon cercle social constitué principalement de salariés. Il m’est alors difficile de sortir du cadre que leur regard m’a fixé. Je vais avoir tendance à abandonner mon projet.

Mais le cadre fixé par le regard des autres inhibe l’expression de notre personnalité encore au delà. En effet, dans le cadre même de l’exercice d’une activité, le regard de nos collègues, confrères, partenaires, concurrents, nous fixe également un cadre. Ces autres, avec qui nous partageons la même activité, nous imposent un certain conformisme. Ils ont l’habitude de procéder d’une certaine manière, la leur, ou celle faisant consensus. Ils voient d’un mauvais œil toute sortie de ce cadre. Ceci est vrai en trading, particulièrement avec des influenceurs, ou simples traders particuliers, qui veulent convaincre leurs confrères qu’ils détiennent la seule et meilleure méthode de trading. Or en trading, comme dans tant d’autres disciplines, il est important, et souvent constructif, de suivre une méthode correspondant à sa propre personnalité. Et d’une manière plus générale, il est utile de cultiver une qualité d’indépendance par rapport au regard, et en particulier, à l’avis de ces « autres ». C’est en pratiquant notre art dans un climat d’indépendance et de respect de notre propre style que nous obtiendrons souvent les meilleurs résultats.

Nous venons de parler de l’expression du regard des autres fixant un cadre, mais sa capacité à nous terroriser face à l’échec joue aussi un grand rôle. Lorsque le regard des autres parvient à nous rendre obsédé de réussite et de perfection, et à redouter plus que tout le moindre échec ou la moindre erreur, nous ne pouvons plus nous exprimer librement.

Finalement, cette dictature de la perfection fixe également un cadre bien réel. Il s’agit du cadre conformiste, restant bien dans les rails de ce qui est sûr, déjà testé et avéré. Lorsque nous acceptons d’être enfermés dans ce cadre, nous évitons soigneusement toute tentative d’action inhabituelle, ou « hérétique ». Tenter une pratique nouvelle, qui n’est validée ni par les maîtres de la discipline, ni par la communauté, c’est se livrer à une potentielle opprobre. Même dans un petit cercle d’amis partageant une activité commune, un consensus sur ce qui doit se faire et ce qui ne doit pas se faire peut facilement s’installer. Comment dès lors exprimer librement sa créativité, elle-même engendrée par notre personnalité unique ?

C’est finalement de conformisme qu’il s’agit ici, et même de politiquement correct, en élargissant le concept. Nous et nos semblables sommes habitués à évoluer dans un système complexe, et à en respecter les limites et directives. Décidons nous d’en sortir un peu, nous sommes alors vite rappelés à l’ordre par nos congénères.

émancipons nous des cadres dans lesquels l’autre cherche à nous enfermer

Comment se libérer de ces limitations imposées par le regard des autres ? Comme pour la partie II, la révolte peut déjà être un bon début. Comment accepter plus longtemps que ce regard des autres nous inhibe, nous formate, nous dépersonnalise, et nous empêche d’exprimer notre personnalité dans son intégralité ? Qui sait ce que nous perdons en nous soumettant ?

Peut-être perdons nous l’occasion d’être réellement heureux, de ce bonheur d’être pleinement soi-même ? Ou alors ratons nous l’opportunité d‘exercer une activité qui puisse nous combler à tous les niveaux, y compris financier ? Peut-être pratiquons nous notre activité d’une manière qui ne nous correspond pas, qui nous rend malheureux, et qui nous démotive ? Et si en pratiquant notre discipline autrement nous apportions une nouveauté de grande valeur à celle-ci ? Nous perdons l’occasion de faire avancer notre discipline, et par la même occasion, de nous réaliser !

En trading par exemple, imaginez que vous abandonnez, passant à coté de votre projet de vivre du trading. Ceci alors que vous n’avez pas réussi à trouver le succès en appliquant religieusement une méthode apprise d’un formateur. Alors qu’elle ne correspondait tout simplement pas à votre personnalité ! Si vous vous étiez autorisé à l’adapter à vous, ou à créer de toute pièce votre méthode idéale sur mesure, vous seriez peut être un trader performant ! Comment accepter de passer à coté du succès en trading à cause du regard des autres ?

Une autre manière de parvenir à s’exprimer pleinement malgré le regard des autres est de respecter la liberté de chacun. Nous respectons la liberté de l’autre. Ainsi, nous lui permettons d’exprimer son désaccord, de désapprouver ce que nous faisons ou qui nous sommes. Nous veillons à ne pas lui nuire dans l’expression de nous-même. Et dans le sens d’une parfaite réciprocité, nous nous autorisons également à exercer notre propre liberté, celle d’avoir une opinion différente. Nous nous permettons d’appliquer cette opinion, d’exprimer notre identité.

Enfin, nous pouvons exercer notre courage d’être soi-même. Développons le courage d’exprimer notre personnalité. Faisons nous le cadeau de respecter notre identité, de respecter nos besoins et nos aspirations. Par la même occasion nous nous envoyons un message d’amour et d’acceptation de nous même.

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Conclusion

Dans l’étendue de sa dureté et de son implacabilité, le regard des autres n’est finalement pas si terrible. Il n’exprime souvent qu’un besoin de repères, de certitudes, et de confirmation chez celui qui en est la source. Lorsque l’autre semble désapprouver ce que vous faites, ou pire, ce que vous êtes, ne le prenez pas personnellement. Il y a de fortes chances qu’il ne soit pas si intéressé par vos défaillances et votre manquement aux règles. Il cherche plutôt la confirmation du bien fondé des règles et du système auxquels il se plie.

Avec la rédaction de cet article, je me confronte à l’application concrète de ce que j’y « prêche ».
Mon article est imparfait, agrémenté d’erreurs, d’imprécisions et d’oublis. J’ai l’impression de passer à coté de plein de choses, et à l’avenir je suis quasiment sûr que je vais regretter de ne pas avoir pensé à aborder telle ou telle question. Mon article sera peut être critiqué voire condamné. Mais il est l’expression de ma personnalité et de mes capacités en cet instant. Je choisis sciemment de me soumettre au regard des autres, d’accepter qui je suis, mes imperfections, et de me donner le droit de m’exprimer, de me tromper. Je sais que j’ai obtenu un succès en me lançant dans ce carnaval d’articles, en prenant sciemment le risque d’échouer, mais aussi d’apprendre et grandir de cette expérience. Surtout, j’ancre en moi la croyance que j’ai le droit de m’exprimer et de laisser mon propre style se développer, malgré le regard des autres.

Peut être cet article vous permettra d’avancer, de vous libérer un peu plus du regard des autres. Peut être aussi que vous le trouverez imbuvable. Dans les deux cas je vous remercie d’avoir posé votre regard « de l’autre » sur moi et sur mon travail, et de m’avoir donné la possibilité de me confronter à lui, en attendant de, peut-être, m’en libérer !

Comme je l’avais évoqué en introduction, détournons cet aspect réducteur du regard des autres. Servons nous en comme d’une occasion de nous exprimer. Profitons en pour contrarier, puis éclater des limites auxquelles nous nous étions trop habitués, limites qui nous ont empêché d’avancer et de développer notre potentiel unique. Ce regard des autres défie notre courage, notre indépendance d’esprit, et notre force intérieure. Répondons à son défi et libérons nous de lui !

En nous libérant du regard des autres, participons à un changement. Perturbons le cercle vicieux de la transmission de ce conformisme perfectionniste. Transmettons cette émancipation du regard des autres à nos congénères, à nos élèves, à nos enfants.

Qu’avez vous pensé de ma réfléxion sur le regard des autres ? Partagez avec moi votre expérience du regard des autres, est elle inhibante ? ou stimulante ?

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